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Une expérience de l’art-thérapie pour une patiente souffrant d’un burn-out

Annie* est une des patientes que j’accompagne dans l’atelier d’art-thérapie de l’hôpital de jour en santé mentale de la clinique d’Amade sur Bayonne.
Elle a une quarantaine d’année et elle est adressée pour un burn-out. Elle est cadre dans les ressources humaines. Elle aime beaucoup son travail, qu’elle définit
comme un métier de contact, proche des gens, à l’écoute de leurs besoins et de leurs spécificités.

Mais depuis quelques années, Annie ne s’y retrouve plus. La rentabilité et la performance sont devenus deux mots qui rythment son quotidien professionnel.
En parallèle, elle se veut être une mère irréprochable pour ses deux enfants qu’elle élève en garde alternée.

Annie avait la danse de salon en passion qu’elle ne pratique plus, par manque de temps selon ses dires. Elle a accumulé de la fatigue dû à des troubles du sommeil ; a perdu du poids et décrit un flot de pensées qui l’assaillent au quotidien.

Annie peine à accueillir ses émotions qui la submergent. Elle aimerait pouvoir continuer à porter un masque en toute circonstance et a du mal à comprendre pourquoi elle n’arrive plus à tenir ce rôle.

Elle se sent très vite agacée par la moindre contrariété. L’imprévu, qu’il soit professionnel comme personnel devient source d’angoisse. Annie a tenté pendant de longtemps de tout anticiper, de tout programmer pour que rien n’échappe à son contrôle et calmer l’angoisse qui tyrannise son corps.

Mais rien n’y fait. La goutte d’eau qui a conduit Annie à s’arrêter est une demande de son patron pour licencier un salarié. Annie s’est sentie dévastée par l’annonce de cette nouvelle.

Arts plastiques en art-thérapie et épuisement : la rencontre

Faire ou être ? l’exigence de soi, les autres et l’angoisse de la performance

Annie a intégré l’atelier d’art-thérapie de la clinique en santé mentale en septembre de cette année. Les premières séances montrent très vite ses schémas d’exigences élevées et de perfectionnisme. Annie se doit réaliser des productions esthétiques, qui ont du sens, portant un propos.

Elle est très attentive au regard des autres et juge très durement ses réalisations qui ne sont jamais à la hauteur de ses attentes. Centrée sur le résultat, Annie avait beaucoup de mal à faire avec les autres. Elle oscillait entre des moments où elle s’affirmait de manière directive et autoritaire ou alors en s’effaçant, incapable de contacter son désir.

Accompagner Annie pour qu’elle retrouve plus de souveraineté et de liberté d’être a été possible par le biais du corps.
Dans les ateliers de groupe, j’ai proposé à Annie d’observer cette part d’elle qui avait tendance à vouloir tout contrôler par peur de ne pas être à la hauteur. Je lui ai aussi proposé d’observer les pensées et les émotions que cette part d’elle exprimait.

« je suis nulle », « que va-t-on penser de moi si je fais ça ? » « Je dois me rendre utile pour les gens » « je ne suis jamais assez bien, je ne suis pas assez… » « tout doit être parfait et sous contrôle »…, un flot de pensées qui amenait son lot d’angoisses, de peurs, de honte et de déceptions.

J’ai proposé à Annie d’accueillir cette part elle en considérant qu’elle n’était pas que cela.
Elle était aussi riche de plein d’autres parts : des parts sécures et épanouissantes. Ces parts sont portées par des valeurs. Elle les contactait dans son travail : altruisme, bienveillance, à l’écoute, créative, humaine, partage…

Annie avait complétement oublié ses parts d’elle-même, qui lui permettaient d’être proches des gens et de créer des relations authentiques. Ses parts lui permettent de se connecter à l’instant présent tout en s’autorisant à vivre les expériences par le cœur et non par le biais du contrôle.

 

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Lâcher-prise face aux attentes, revenir à ses valeurs et gagner en flexibilité

En réactivant ces parts dans la relation thérapeutique et dans le groupe, Annie a commencé à vivre les expériences en art-thérapie différemment. Toujours sensible au résultat sur la feuille, elle accepte de se focaliser un peu plus sur l’expérience en tant que telle. Elle prend alors plaisir à peindre, à mettre ses doigts dans la peinture, à projeter des gouttes d’eau sur la feuille indépendamment du résultat.

Les séances deviennent des bulles d’oxygène où Annie retrouve le goût de jouer, de peindre sans attentes, de vivre l’instant pour ce qu’il est, dans la créativité, le plaisir et le partage avec ses pairs.
Elle retrouve des parts d’elle qu’elle avait mis en sommeil au profit de d’autres parts plus anxieuses. Elle fait davantage confiance à ce qui se joue en elle et à respirer en conscience.

En remettant de la présence au corps, tout en se sentant en sécurité dans l’accompagnement, Annie remet de la joie et de l’émerveillement dans ce qu’elle fait. Elle voit bien que quand elle laisse sa magie opérer, ses pensées ralentissent. Elle accepte de se laisser traverses par ses cognitions et ses émotions sans s’identifier à elles.

 

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Annie apprend à se connaitre. Elle reconnait les pensées liées à certains de ces schémas. Elle connait la musique par cœur. Bien souvent, elle s’est sentie comme emprisonnée par ses pensées, qui lui génèrent peurs, angoisses et impuissance. Cela la conduisait indéfiniment à une perte de l’estime de soi, de confiance en soi, à redoubler d’efforts pour ne pas échouer et être sûre d’être reconnue comme une personne valable et digne d’intérêt. Avant, elle aurait travaillé davantage pour prouver sa valeur et obtenir de la reconnaissance. Elle était très contrôlante, ne s’accorderait pas de répits tant que cette tache sans fin soit accomplie.

A présent, Annie observe ses parts d’elle comme étant des personnes internes. Au lieu de leurs donner le premier rôle dans la pièce de théâtre de sa vie, elle accepte de les laisser en coulisse. Elle met l’accent sur d’autres part d’elle qui sont plus portées par de l’authenticité, du respect, de l’amour et du plaisir.

Ses parts anxieuses prennent moins de place et Annie retrouve lors davantage de souveraineté et de liberté.

 

* les prénoms ont été changé pour respecter la confidentialité